0 Que se passe-t-il dans le cerveau d'un musicien virtuose ? ...
- Pour les Adultes
- by Elisabeth Mol
- 25-05-2025

Mozart, Beethoven, Bach… Ces compositeurs sont hors-normes. Car s’il existe beaucoup d’excellents musiciens, y compris aujourd’hui, seul un petit nombre d’entre eux peuvent être qualifiés de virtuoses. Comment expliquer cette inégale répartition du génie musical ? Celui-ci est-il acquis ou inné ? La réponse peut-elle se voir dans le cerveau ?
Pas de lien avec l'oreille absolue
On pourrait croire que ce talent hors-normes s’explique par de simples raisons biologiques : les meilleurs musiciens seraient ceux qui possèdent l’oreille absolue. Des recherches ont pourtant montré qu’il n’en était rien. Absolue ou non, nous percevons tous une mélodie grâce à nos oreilles. Chez la plupart d’entre nous celles-ci instaurent une connexion avec notre cortex préfrontal, où nous comparons la note écoutée avec le répertoire des sons et des notes déjà entendues, ce qui permet de l’identifier.
Cela se passe en une fraction de seconde mais la différence c’est que les personnes dotées de l’oreille absolue n’ont pas besoin de passer par ce répertoire pour reconnaître une note : elles l’identifient instantanément. Mais cela n’a rien à voir avec la virtuosité : on peut avoir l’oreille absolue sans être musicien et de grands virtuoses n’ont pas cette particularité.
La virtuosité, une plus grande capacité à transmettre les émotions
Alors que se passe-t-il dans le cerveau qui puisse expliquer la différence entre excellence et virtuosité ?
Des chercheurs ont demandé à de grands musiciens de jouer de la musique dans des machines à IRM (imagerie par résonance magnétique) et ils ont étudié ce qu’il se produisait dans leur cerveau. Chez un petit nombre d’entre eux, ils ont ainsi observé que le circuit de la récompense, qui s’active lorsque nous ressentons une sensation de plaisir, fonctionnait de manière significativement plus intense que la moyenne. En particulier les réseaux neuronaux liés aux émotions.
La virtuosité s’expliquerait donc principalement par la gestion de ses émotions par rapport à la musique. Plus de ressentis et dès lors plus de faculté à transmettre les émotions, c’est ce qui caractérise les virtuoses.
Inné ou acquis ?
Mais le talent musical est-il inné ou acquis ? Les deux !
Premièrement, des indices plaident pour des éléments héréditaires : d’une part la précocité de certains génies comme Mozart ou Beethoven, et d’autre part l’existence d’un syndrome appelé l’amusie, dont souffrent les personnes qui ne ressentent aucune émotion à l’écoute de la musique en raison d’une mauvaise expression de certains gènes.
Deuxièmement, de nombreuses recherches ont démontré que l’environnement et l’apprentissage sont eux aussi indispensables au développement du talent. Et plus un enfant s’adonnera tôt à la musique, plus il développera ses compétences cérébrales et il renforcera ses aptitudes.
Prendre plaisir à ce que nous faisons, quel plus beau moyen de muscler notre cerveau ?
Retrouvez la chronique de Patrice Goldberg sur le cerveau des virtuoses sur La Première :